L’Etat doit engager des mesures fortes
La population de sangliers explose en Aveyron. Et les dégâts sur les cultures avec. Un chiffre illustre ce phénomène : En 2010, 7 000 sangliers avaient été tués par les chasseurs sur le département. En 2018, plus de 13 000. Ce chiffre est le seul connu. La population totale de sangliers ne bénéficie pas d’un comptage officiel.
Sangliers : des dégâts en cascade !
Du nord au sud et d’est en ouest du département, les agriculteurs nous alertent sur les dégâts causés par les sangliers sur leurs cultures et leurs prairies. Pour un agriculteur, le passage d’une horde sur une parcelle enclenche des problématiques en cascade :
- D’abord, les parcelles endommagées ont été à l’origine travaillées, semées, arrosées pour certaines,… cela représente du temps passé et des coûts.
- Ensuite, les cultures (maïs ou céréales) endommagées ne pourront que partiellement être récoltées pour nourrir les troupeaux. Conséquence : des achats supplémentaires de céréales et de paille.
- Mais il y a aussi les prairies qui, après le passage d’une horde de sangliers, ne peuvent que partiellement être pâturées et nécessitent d’être ressemées. Conséquences : des achats supplémentaires de fourrages, et des coûts et temps passés pour le ressemis.
- Les sangliers ne font pas que détruire les cultures, ils retournent également les sols pour se nourrir de vers. Ce qui implique qu’après leur passage, les terres doivent être remises en état pour retrouver leur utilisation normale. Conséquence : du temps passé et des coûts.
- Le retournement des sols par les sangliers intervient souvent lorsque les parcelles viennent d’être semées, lorsque que les terres sont aérées et les vers en activité. Conséquence : en plus de devoir remettre en état les parcelles après le passage d’une horde de sangliers, la plupart du temps, il faut également les ressemer.
- De plus, des sols abimés par des sangliers comportent des trous, des irrégularités, qui sont un risque accru de casse pour le matériel agricole qui passe dessus.
- Enfin, les fourrages récoltés sur les parcelles saccagées par les sangliers sont souillés de terre. Pour les agriculteurs, c’est une crainte de premier ordre car ces fourrages peuvent causer des problèmes sanitaires sur le troupeau et de santé pour l’exploitant.
Les dégâts dont les coûts ne sont pas chiffrés
Au total 560 000 euros de dégâts et frais d’expertises ont été déclarés. Seulement, selon nos éléments, peu d’agriculteurs impactés déclarent officiellement les dégâts de sangliers. Et en réalité, ce ne sont pas tant des indemnisations qu’ils demandent, mais avant tout une meilleure gestion des populations.
Comment mieux gérer les populations de sangliers ? Les mesures demandées par la FDSEA et les JA
Le cadre règlementaire datant des années 60, les moyens de chasse utilisés aujourd’hui sont obsolètes, insuffisants et inadaptés. Par ailleurs, les chasseurs font des efforts pour réguler les populations mais ce n’est pas suffisant. Le vieillissement des équipes engendre un affaiblissement de la pression de chasse dans certaines zones. La chasse ne règlera pas le problème.
Le plan national de maîtrise des sangliers permet aux Préfets de prendre des mesures fortes de lutte contre les sangliers. Dans ce cadre, nous demandons essentiellement :
- Que la DDT établisse un véritable suivi des zones fortement impactées et organise des actions ciblées et adaptées : piégeage, prélèvements à l’agrainage* ou pendant les chantiers de récolte,…
- Permettre aux chasseurs d’exercer leur devoir de régulation sur des périodes de chasse plus étendues.
- Et que soient sanctionnés très durement les lâchers de sanglier et les agrainages* illicites pratiqués.
* pratique consistant à nourrir les sangliers en leur mettant à disposition du grain (blé, orge, maïs,…) ou en implantant des parcelles uniquement destinées à l’alimentation des sangliers.