Les élevages ne sont pas protégeables
En Aveyron, toutes les semaines, des troupeaux sont attaqués
Depuis 2013, l’Aveyron est reconnu par les services de l’Etat comme territoire à « risques de prédation du loup ».
Chiffres DDT, mis-à-jour au 20/08/2018. Depuis cette date, 11 attaques et 15 victimes animales sont en cours d’expertise.
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Attaques « loup non écarté » |
Victimes animales |
2014 |
4 |
25 |
2015 |
14 |
31 |
2016 |
16 |
91 |
2017 |
61 |
217 |
2018 |
30 |
89 |
Non, on ne peut pas se protéger du prédateur
Depuis 25 ans, l’arc alpin connaît l’enfer qu’est l’élevage de brebis en présence du loup. Depuis 25 ans les éleveurs de ce massif mettent en place les mesures de protection préconisées par l’Etat et les associations environnementales pour se protéger du prédateur. Le résultat est là :
- 2009 : 3000 victimes animales, 1,7 millions d’euros de dépense publique,
- 2017 : 12 000 victimes animales, 21,4 millions d’euros de dépense publique.
Et l’espèce a colonisé près de 30 départements en moins de 10 ans.
En Aveyron, le précédant préfet du département a fait réaliser par l’INRA, SupAgro Montpellier et le CERPAM une étude sur les conséquences de l’adoption des moyens de protection des troupeaux sur le territoire des Grands Causses . Le territoire d’étude comportait 41 communes du Sud-Aveyron, 315 exploitations et 157 000 brebis, essentiellement laitières. Les conclusions de cette étude ont été rendues publiques à l’automne 2017.
Pour protéger les 315 élevages étudiés selon les préconisations du plan loup, il faudrait :
- 3 500 km de clôtures de 3 mètres de haut,
- 2500 chiens « Patous »,
- 70 emplois (installation et entretien de clôtures, surveillance des troupeaux et soin des brebis induits par la présence du loup)
- 22 à 35 millions d’euros par an pour financer les mesures de protection (clôtures, chiens, emplois) et leurs conséquences pour les exploitations (perte de l’AOC, achat de fourrage,…)
- 1/3 des troupeaux laitiers stopperaient leur activité car ils passeraient sous le seuil de rentabilité. Et les troupeaux de brebis de race à viande ne résisteraient pas.
Le plan loup impose de parquer les troupeaux toutes les nuits, ce qui est impossible dans nos systèmes d’élevage.
- Divisées en 2 à 5 lots, les brebis paissent sur des causses et des sous-bois. Les distances entre les bâtiments et les parcours vont de 20 à 50 minutes de marche. Comment peut-on imaginer rentrer et sortir plusieurs troupeaux matin et soir ?
- L’été, lorsque la température est trop importante en journée, les brebis ne broutent pas. C’est la nuit qu’elles prennent leur ration alimentaire. Cette particularité climatique de nos zones et physiologique de la brebis rend impossible le parcage de nuit, sauf à arrêter totalement le pâturage pendant toute la période estivale.
- Les cahiers de charges de l’AOP Roquefort impose le pâturage quotidien « dès que les conditions climatiques le permettent » et interdit l’achat de plus de 200 kg de fourrages. Si les brebis sont parquées et ne peuvent plus pâturer de nuit, alors elles ne peuvent plus produire du lait pour Roquefort.
Selon un sondage de la Chambre d’Agriculture de l’Aveyron en 2017, 25 % des exploitations du secteur prédaté ont abandonné une partie de leurs pâtures l’été dernier, ce qui représente 1 250 hectares.
L’installation de protections anti-loup, mesures très coûteuses
Chiens de protection : 2 500 chiens « patous » seraient nécessaires pour protéger les 157 000 brebis de la zone d’étude. Ces chiens sont éduqués pour être très agressifs et sont parfois la cause d’accidents graves avec d’autres utilisateurs : promeneurs,…
Clôtures « 5 fils électriques, 3 mètres de haut » : D’une part, les sols très caillouteux des causses nécessitent l’emploi de perforateurs pour enfoncer des piquets de clôtures dans la roche karstique, travail fastidieux et très couteux. L’étude a été faite au GAEC du Figayrol. La ferme a besoin de 73 km de clôtures, devisées 337 000 € au total. Il y a 1 437 fermes ovines sur les Grands Causses.
Clôtures, chiens de protection,… Qu’en sera-il de la beauté de nos paysages lorsqu’ils seront recouverts de clôtures « 5 fils électriques, 3 mètres de haut » ? Qu’en sera-t-il du tourisme ?... Qu’en sera-t-il également du multi-usage de notre territoire : promenades, randonnées, sports de pleine nature, chasse,… ?
Un impact environnemental certain
- La flore des causses est très sensible au piétinement et incompatible avec une concentration importante d’animaux dans des parcs de nuit.
- L’agro-pastoralisme empêche l’embroussaillement (buis, prunellier, genévrier,… ) et protège le maintien d’espèces fragiles et protégées (orchidées, sablines controversées, asters des Alpes…).
- L’agro-pastoralisme, par les déjections animales, nourris un cortège d’insectes, d’oiseaux, de reptiles,… L’agro-pastoralisme structure les espaces naturels et offre une diversité d’habitats pour toutes les espèces.
- Enfin, notre territoire est classé à l’UNESCO au titre de « paysage culturel vivant de l’agropastoralisme méditerranéen ». Les mutations qu’impose le Plan Loup vont à l’encontre des pratiques agropastorales et rendent inopérant le fondement premier justifiant l’inscription au patrimoine mondial de l’Humanité.
La pratique de l’élevage pastoral est typique et est adaptés à nos territoires. Il impose des contraintes spécifiques pour se protéger du loup : troupeaux répartis en plusieurs lots dans chaque ferme, traite bi-quotidienne, parcours étendus et mauvaise visibilité (buissons, bois,…)… Depuis 20, la protection de troupeaux a montré son échec dans l’arc alpin, il n’y a aucune raisons qu’elle fonctionne chez nous.
Les éleveurs ont le droit à une vie professionnelle, familiale et sociale sereine.
La prédation des troupeaux a des conséquences extrêmement graves sur les éleveurs, les bergers et leur famille. Sentiment de crainte constant, peur au ventre quotidienne. Certains dorment avec leurs brebis. D’autres ne prennent plus leurs enfants pour aller voir leurs animaux au pâturage. Et tous se lèvent chaque matin en se demandant s’ils vont encore avoir à achever eux-mêmes des brebis agonisantes. Les éleveurs des Alpes ne le savent que trop, nous le vivons maintenant : déprime, fatigue, anxiété, troubles de la santé, idées noires… Mais aussi : tensions familiales, isolement,…
Depuis 2017, la MSA de l’Aveyron a mis en place une cellule de veille et de suivi des éleveurs confrontés à la prédation. Après chaque attaque, les éleveurs sont contactés. Parmi ceux qui souhaitent être accompagnés, certains sont dans des situations préoccupantes sur le plan de leur santé morale.
Le Loup doit garder son caractère de bête sauvage
Le loup était une espèce en voie de disparition en France au début du siècle dernier. La protection européenne l’a sauvé de l’extinction. Cela se comprend. La conséquence induite est un changement de comportement chez l’animal qui n’a plus peur de l’Homme. Aujourd’hui, le loup attaque en plein jour, rentre dans les bergeries, est même vu dans des villes. Opportuniste, il préfère toujours se nourrir dans les troupeaux dociles plutôt que chasser la faune sauvage. Pour la profession agricole, il faut que le loup réapprenne la peur de l’Homme.
Pour toutes ces raisons, les loups qui attaquent les troupeaux doivent pouvoir être abattus.