Les agriculteurs veulent maintenir le lien
A chaque semaine son « infox » sur l’agriculture. La semaine dernière c’était la carte de France des pesticides selon Génération Future, dont les méthodes et les conclusions expéditives ont été discréditées deux jours plus tard par E. Ducros, journaliste à l’Opinion. Cette semaine c’est Greenpeace qui vient de jeter à la vindicte populaire 4000 agriculteurs et agricultrices français, dont une vingtaine d’aveyronnais, au seul motif que la taille de leur ferme ne correspond pas à la vision qu’a l’ONG du « modèle agricole ». Non, ces fermes ne sont pas des conglomérats ou des holdings impersonnels, Oui, les agriculteurs s’associent, travaillent à plusieurs et ne sont plus seuls pour s’occuper de leurs animaux. Regrouper le travail, c’est regrouper les cheptels, et c’est aussi se partager les astreintes, s’offrir des we et des vacances. Peut-on reprocher aux agriculteurs de vouloir aspirer à profiter du mode de vie de notre époque ? Par contre, publier ainsi le nom des fermes et adresses est d’une violence inouïe pour ces hommes, ces femmes et leurs enfants qui sont ainsi pointés du doigt et stigmatisés.
Ces accusations incessantes sont harassantes pour les paysans aveyronnais qui restent convaincus de mener au mieux leurs élevages, balancés de tous bords par les multiples contraintes liées à leurs animaux, à leurs terres, à leurs climats... Ceux qui sont au contact du vivant chaque jour savent comme les lois de la nature sont complexes et que les généralités sont toujours à coup sûr dans l’erreur. Qu’est-ce qu’une « ferme-usine » ? Pour les agriculteurs aveyronnais, le bon sens impose d’avoir le nombre d’animaux que les terres peuvent nourrir, et que les hommes et les femmes peuvent élever. Regardez nos fermes. Regardez celles d’Amérique du Sud. Regardez en Chine aussi. Que veulent réellement les consommateurs français ?
Un projet de recherche « ACCEPT » mené par l’IDELE Institut de l’élevage, le CNRS et l’ensemble des organisations agricoles nationales a conclu qu’au-delà du bruit médiatique ambiant, les réelles attentes des consommateurs d’aujourd’hui pouvaient se résumer :
- Des élevages « à taille humaine ». Nous avons.
- Des animaux qui ne sont pas enfermés. Nous avons.
- Et des conditions de travail et de revenu acceptables pour les paysans.
Finalement, ce n’est pas le savoir-faire qui fait défaut, mais le faire-savoir ! La méconnaissance de nos pratiques d’élevage par les citoyens est, nous en sommes convaincus, le cœur du problème.
Initié par notre invité, Luc Smessaert, #Agridemain est un mouvement qui veut donner la parole à tous ceux qui participent à la production agricole pour « raconter l’histoire de cette agriculture sans artifice, empreinte de réalisme, avec ses atouts et ses défis. » An Aveyron, les agriculteurs de toutes les organisations départementales (33 organisations, 75 agriculteurs et collaborateurs) se sont rassemblés au sein d’un groupe de travail pour engager des projets collectifs et destinés à encourager, accompagner, démultiplier la prise de parole des agriculteurs aveyronnais.