L’élevage de brebis, local et durable !
L’élevage en Occitanie est clairement marqué par les brebis. En France, un tiers des brebis de race à viande est élevé dans notre région. Et 75 % du lait de brebis est produit en Occitanie.
LES BREBIS, UN ATOUT ENVIRONNEMENTAL
Des Causses aux Pyrénées, en passant par la moyenne montagne, les coteaux vallonnés et les garrigues, la diversité des environnements impose une diversité des modes d’élevage et des races ovines. Néanmoins, toutes les brebis d’Occitanie possèdent un point commun : elles sont hyper adaptées à leur milieu naturel et savent valoriser tous les sols, des plus favorables aux plus difficiles.
Et c’est précisément ce qui en fait leur force. Même dans des environnements secs, pentus, riches en cailloux et pauvres en terre… les brebis s’en accommodent et leur élevage nous offre des produits de grande qualité : Roquefort, viandes d’agneau, Pérail, AOP, IGP, Label Rouge, agriculture biologique, productions fermières… mais aussi divers produits laitiers, produits issus des peaux et des laines…
En plus de la production alimentaire, l’élevage ovin a un rôle territorial fondamental : en pâturant, les brebis maintiennent les paysages « ouverts », les protègent de l’embroussaillement et protègent les villages des feux de forêts et de garrigues. En pâturant, les brebis sont un maillon indispensable à la biodiversité : en broutant, elles permettent aux espèces fragiles et protégées de se développer. Et leurs déjections sont indispensables à l’équilibre d’un cortège d’insectes qui s’en nourrissent et d’oiseaux qui se nourrissent de ces insectes.
C’est pourquoi l’agro-pastoralisme constitue un des fondements qui justifie l’inscription des Causses et Cévennes au patrimoine mondial de l'UNESCO.
LES BREBIS, UN ATOUT TERRITORIAL
Par la capacité qu’ont les éleveurs à s’installer même dans les environnements les plus difficiles, à dégager grâce aux brebis des revenus satisfaisants pour leurs familles, l’élevage ovin en Occitanie possède cet atout précieux : il permet de faire vivre tous les territoires et même les plus éloignés, les moins attractifs… Et, comme d’autres filières d’élevage, nos fermes font vivre autour d’elles une constellation de métiers, de services, agricoles, sociaux…
Aujourd’hui, les filières ovines font 1/3 du revenu agricole de l’Aveyron. Nos filières sont organisées. Les labellisations et productions de qualité apportent une valorisation essentielle. Les soutiens de la PAC complètent nécessairement les revenus des fermes. Après des années difficiles, il faut reconnaître qu’aujourd’hui les productions ovines se portent bien : 82 % des exploitations ovins viande et 90 % des exploitations ovin lait ont une santé financière que l’on peut qualifier d’équilibrée ou de sereine.
Santé financière des exploitations.
Chiffres Agri’scopie Chambre d’Agriculture-CER Occitanie 2017
Lait de brebis
Viande d’agneau
LES BREBIS, UN APPEL AUX NOUVELLES GENERATIONS
Evidemment, nous sommes attentifs à l’écriture actuelle de la loi sur l’Alimentation car les revenus de nos fermes doivent d’abord venir du prix de nos productions. Mais le principal sujet de préoccupation aujourd’hui pour nos filières est le renouvellement des générations. 60 % des éleveurs de brebis ont plus de 50 ans. Cela est d’autant plus nécessaire que les consommateurs sont en demande : ils plébiscitent les produits à base de lait de brebis et réclament de la viande ovine française ! Un chiffre illustre cela : seulement 45 % de la consommation française de viande d’agneau est produite en France.
Pour maintenir la vie sur tous les territoires, une bonne densité agricole est indispensable. Indispensable pour les entreprises qui sont directement en lien avec les fermes (bâtiments, matériels, soins aux animaux, transformation des viandes et des fromages, commercialisation,…). Indispensable pour le confort de vie des paysans (remplacements, entraide,…). Indispensable aussi pour les services et la vie rurale (écoles, services de santé,…).
Pour répondre à cette problématique, les organisations nationales agricoles ont engagé depuis 2015 le programme « Inn’Ovin » qui est destiné à promouvoir l’installation des jeunes dans les filières ovines.
LE PREDATEUR, UN MAUVAIS SIGNAL
Depuis 2015 en Aveyron, et depuis plus 20 ans dans d’autres montagnes françaises, le retour du loup engendre une angoisse énorme pour les éleveurs qui sont confrontés tous les jours à la peur de l’attaque, à la souffrance de leurs animaux et qui, nécessairement, s’adaptent en délaissant un peu, ou beaucoup, le pâturage. Quel avenir peut-on promettre à nos jeunes générations dans de telles conditions de vie ?
En 2017, SUPAGRO, l’INRA et le CERPAM ont conduit un programme de recherche destiné à mesurer les conséquences de la protection des animaux d’élevage dans 45 communes du sud-Aveyron. La conclusion de leur étude : protéger les troupeaux dans ces 45 communes en mettant strictement en place les préconisations du plan loup coûtera entre 22 et 35 millions d’euros par an.
Est-ce raisonnablement envisageable ? Pour la profession agricole, la réponse est non. Le loup était une espèce en voie de disparition dans les années 60 et la protection européenne a sauvé l’espèce de l’extinction. Cela était nécessaire. Mais la conséquence induite est également qu’elle a engendré un changement de comportement chez l’animal qui n’a aujourd’hui plus peur de l’Homme. Aujourd’hui, le loup est parfois vu dans des villes (Grenoble la semaine dernière) et il préfère toujours se nourrir dans les troupeaux dociles plutôt que chasser la faune sauvage. Pour la profession agricole, l’Homme doit préserver l’espèce et ses comportements normaux de bête sauvage. Et pour cela Il faut que le loup garde la peur de l’Homme. C’est-à-dire que les loups qui attaquent les troupeaux doivent pouvoir être abattus.