Distributeurs : Respectez vos engagements !
Claude Falip, éleveur de vaches laitières à Saint Cyprien sur Dourdou. Président de la section Bovins lait de la FDSEA de l'Aveyron.
Autour de la table des Etats généraux de l’alimentation, tous les acteurs de la filière laitière, dont les distributeurs, s'étaient accordés pour "moraliser les relations commerciales". 18 mois après ces belles intentions, voilà que l'on trouve dans les rayons : du lait à 0,59 €/litre et 0,53 €/litre ! Alors que la « montée en gamme » devait créer de la valeur pour la filière, force est de constater que la guerre des prix reste le seul cheval de bataille…
Comme elle s’était engagée à le faire au moment des Etats généraux de l’alimentation, l’interprofession laitière a publié des références économiques qui doivent maintenant être prises en compte en toute transparence dans les négociations commerciales. Pour elle, le « prix de revient » du lait de vache produit dans les fermes laitières françaises doit atteindre 396 €/1000L. Ce niveau permet de rémunérer chaque agriculteur à hauteur de deux smic à l’année. Un minimum pour prendre en compte les 50 à 70 heures de travail hebdomadaire, bien vivre de son métier et assurer la pérennité de la production française !
Ce niveau de prix implique une revalorisation de 5 % du prix de vente des produits laitiers aux distributeurs. Est-ce possible ? Oui ! La preuve : l’engagement d’Intermarché mardi 13 novembre par la voix de son président à « accepter des hausses de prix » réclamées par les industriels aux distributeurs « s’ils sont capables de justifier l’augmentation de la rémunération des agriculteurs en 2019 ». Nous saluons cette preuve de responsabilité.
L’alignement perpétuel sur les prix les plus bas n’a pas de sens et est destructeur de valeur pour tout le monde. Alors que la loi Alimentation vient d'être votée et à la veille de sa mise en application, les producteurs veulent rappeler à l'ordre les distributeurs. Le lait a un prix, un prix minimum nécessaire pour faire vivre dignement nos familles. A brader le lait français, on liquide les producteurs et au final où faudra-t-il aller chercher le lait de notre petit-déjeuner ?...
Claude Falip