Depuis 25 ans, l’arc alpin connaît l’enfer qu’est l’élevage de brebis en présence du loup. Depuis 25 ans les éleveurs de ce massif mettent en place les mesures de protection préconisées par l’Etat et les associations environnementales pour se protéger du prédateur. Le résultat est là :
- 2009 : 3000 victimes animales, 1,7 millions d’euros de dépense publique,
- 2017 : 12 000 victimes animales, 21,4 millions d’euros de dépense publique.
En Aveyron, toutes les semaines, des troupeaux sont attaqués
Depuis 2013, l’Aveyron est reconnu par les services de l’Etat comme territoire à « risques de prédation du loup ».
En 2017, l'Etat a commandité à l’INRA, SupAgro Montpellier et le CERPAM une étude sur les conséquences du Plan Loup sur le territoire des Grands Causses. Résultat, pour protéger les 315 fermes étudiées, il faudrait : 3 500 km de clôtures de 3 mètres de haut, 2500 chiens « Patous », et 22 à 35 millions d’euros par an pour financer les mesures de protection (clôtures, chiens, emplois) et leurs conséquences pour les exploitations (arrêt du pâturage, perte de l’AOC Roquefort, achat de fourrage,…). 1/3 des troupeaux laitiers stopperaient leur activité car ils passeraient sous le seuil de rentabilité. De même que 100 % des troupeaux de brebis de race à viande.
Le plan loup impose de parquer les troupeaux toutes les nuits, ce qui est impossible en Aveyron.
• Les brebis paissent sur des causses et des sous-bois. Les distances entre les bergeries et les parcours vont de 20 à 50 minutes de marche. Comment peut-on imaginer rentrer et sortir plusieurs troupeaux matin et soir ?
• L’été, lorsque la température est trop importante en journée, les brebis ne broutent pas. C’est la nuit qu’elles prennent leur ration alimentaire. Cette particularité climatique de nos zones, et physiologique de la brebis, rend impossible le parcage de nuit, sauf à arrêter totalement le pâturage pendant toute la période estivale.
• Les cahiers de charges de l’AOP Roquefort impose le pâturage quotidien « dès que les conditions climatiques le permettent » et interdit l’achat de plus de 200 kg de fourrage pan an et par animal. Si les brebis sont parquées et ne peuvent plus pâturer de nuit, alors elles n'obéissent plus au cahier des charges Roquefort.
Le pastoralisme, gage de biodiversité
La flore des causses est très sensible au piétinement et incompatible avec une concentration importante d’animaux dans des parcs de nuit.
Le pastoralisme empêche l’embroussaillement (buis, prunellier, genévrier,… ) et permet le maintien d’espèces fragiles et protégées (orchidées, sablines controversées, asters des Alpes…).
Le pastoralisme, par les déjections animales, nourris un cortège d’insectes, d’oiseaux, de reptiles,… Il structure les espaces naturels et offre une diversité d’habitats pour toutes les espèces.
Et la beauté de nos paysages ?
Clôtures, chiens de protection,… Qu’en sera-il de la beauté de nos paysages lorsqu’ils seront recouverts de clôtures « 5 fils électriques, 3 mètres de haut » ? Qu’en sera-t-il du tourisme ?... Qu’en sera-t-il également du multi-usage de notre territoire : promenades, randonnées, sports de pleine nature,… ? Nos Causses sont classés à l’UNESCO au titre de « paysage culturel vivant de l’agropastoralisme méditerranéen ». Les mutations qu’impose le Plan Loup vont à l’encontre des pratiques agropastorales et rendent inopérant le fondement premier justifiant l’inscription au patrimoine mondial de l’Humanité.
Les éleveurs ont le droit à une vie sereine.
La prédation des troupeaux a des conséquences extrêmement graves sur les éleveurs, les bergers et leur famille. Sentiment de crainte constant, peur au ventre quotidienne. Certains dorment avec leurs brebis. D’autres ne prennent plus leurs enfants pour aller voir leurs animaux au pâturage. Et tous se lèvent chaque matin en se demandant s’ils vont encore avoir à achever eux-mêmes des brebis agonisantes. Les éleveurs des Alpes ne le savent que trop, les aveyronnais le vivent maintenant : fatigue, anxiété, troubles de la santé, idées noires… mais aussi : tensions familiales, isolement,… Depuis 2017, la MSA de l’Aveyron a mis en place une cellule de veille et de suivi des éleveurs confrontés à la prédation.